Résumé
La formation des musées en Algérie et en Tunisie au XIXe siècle est étroitement liée aux premières explorations archéologiques et architecturales qui ont accompagnées la conquête française du territoire nord-africain, et se rattache aux conceptions en gestation en Europe autour de la notion de patrimoine.
La première institution muséale nord-africaine est le musée d’Alger, rattaché en 1838 à la bibliothèque créée trois ans plus tôt et dont il ne s’en dissocie qu’en 1897, portant désormais la dénomination de musée des Antiquités algériennes et d’Art musulman. Ce musée verra le passage de plusieurs administrateurs et conservateurs, essentiellement chartistes ou anciens normaliens, dont la pratique du XIXe au XXe siècle montre l’évolution des métiers de la conservation depuis le classement des objets en collections, leur restauration et leur étude par les chercheurs, l’établissement d’un catalogue d’inventaire, l’exposition aux publics.
Outre le musée d’Alger, et sur une période s’étalant sur une soixantaine d’années, d’autres musées sont créés en Algérie (Cherchell en 1840, Constantine en 1852, Tlemcen en 1857, etc.) ainsi qu’en Tunisie placée sous protectorat français dès 1881, et où a été formé sept ans plus tard le musée Alaoui à Tunis – devenu le musée national du Bardo après 1956 .
Entre antiquités et objets d’art musulman, les musées de l’Algérie et de la Tunisie n’offrent une homogénéité patrimoniale que vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, à la suite du programme « Description de l’Afrique du Nord » lancé par le Comité des travaux historiques et scientifiques du ministère de l’Instruction publique et des beaux-arts visant, pour les musées nord-africains, à les moderniser et les aligner sur ceux de la métropole. Le résultat de ce programme collectif s’est concrétisé par la parution, entre 1890 et 1928, d’une collection de vingt-six volumes, Musées et collections archéologiques de l’Algérie et de la Tunisie auxquels ont participé plusieurs spécialistes de la métropole et de l’Algérie À partir de cette période, le fonctionnement des musées ne dépendait plus du seul conservateur, mais aussi d’une chaîne d’autorités scientifiques émanant d’institutions comme l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, le Comité des travaux historiques et scientifiques, l’École normale supérieure, l’École supérieure (puis Faculté) des Lettres d’Alger.
La vision est désormais globale et couvre l’ensemble de l’Algérie et de la Tunisie dans une politique patrimoniale croisant la conservation des monuments et des collections muséales.
Nous évoquerons dans notre propos cette genèse des musées, l’évolution des pratiques de conservation, tout en nous projetant dans le présent contemporain en tentant de saisir le devenir aujourd’hui des musées et des collections archéologiques et objets d’art ici traités.
La première institution muséale nord-africaine est le musée d’Alger, rattaché en 1838 à la bibliothèque créée trois ans plus tôt et dont il ne s’en dissocie qu’en 1897, portant désormais la dénomination de musée des Antiquités algériennes et d’Art musulman. Ce musée verra le passage de plusieurs administrateurs et conservateurs, essentiellement chartistes ou anciens normaliens, dont la pratique du XIXe au XXe siècle montre l’évolution des métiers de la conservation depuis le classement des objets en collections, leur restauration et leur étude par les chercheurs, l’établissement d’un catalogue d’inventaire, l’exposition aux publics.
Outre le musée d’Alger, et sur une période s’étalant sur une soixantaine d’années, d’autres musées sont créés en Algérie (Cherchell en 1840, Constantine en 1852, Tlemcen en 1857, etc.) ainsi qu’en Tunisie placée sous protectorat français dès 1881, et où a été formé sept ans plus tard le musée Alaoui à Tunis – devenu le musée national du Bardo après 1956 .
Entre antiquités et objets d’art musulman, les musées de l’Algérie et de la Tunisie n’offrent une homogénéité patrimoniale que vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, à la suite du programme « Description de l’Afrique du Nord » lancé par le Comité des travaux historiques et scientifiques du ministère de l’Instruction publique et des beaux-arts visant, pour les musées nord-africains, à les moderniser et les aligner sur ceux de la métropole. Le résultat de ce programme collectif s’est concrétisé par la parution, entre 1890 et 1928, d’une collection de vingt-six volumes, Musées et collections archéologiques de l’Algérie et de la Tunisie auxquels ont participé plusieurs spécialistes de la métropole et de l’Algérie À partir de cette période, le fonctionnement des musées ne dépendait plus du seul conservateur, mais aussi d’une chaîne d’autorités scientifiques émanant d’institutions comme l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, le Comité des travaux historiques et scientifiques, l’École normale supérieure, l’École supérieure (puis Faculté) des Lettres d’Alger.
La vision est désormais globale et couvre l’ensemble de l’Algérie et de la Tunisie dans une politique patrimoniale croisant la conservation des monuments et des collections muséales.
Nous évoquerons dans notre propos cette genèse des musées, l’évolution des pratiques de conservation, tout en nous projetant dans le présent contemporain en tentant de saisir le devenir aujourd’hui des musées et des collections archéologiques et objets d’art ici traités.
Biographie
Nabila Oulebsir est maître de conférences à l’Université de Poitiers, où elle enseigne l’histoire de l’architecture et du patrimoine (XIXe et XXe siècles).
Elle encadre également deux programmes de recherche : Frontières du patrimoine : circulation des objets et œuvres d’art (CRIA-EHESS Paris, CIERA), et Musées, collections et architecture en Euro-Méditerranée (Université de Poitiers).
Elle a été Getty Scholar au Getty Research Institute (Los Angeles, 2008-2009), Rédactrice en chef de la revue Histoire de l’art (Paris, 2005-2010), et Fellow junior au Wissenschaftskolleg de Berlin (Berlin, 1998-1999). Elle a publiée plusieurs travaux scientifiques.
Elle encadre également deux programmes de recherche : Frontières du patrimoine : circulation des objets et œuvres d’art (CRIA-EHESS Paris, CIERA), et Musées, collections et architecture en Euro-Méditerranée (Université de Poitiers).
Elle a été Getty Scholar au Getty Research Institute (Los Angeles, 2008-2009), Rédactrice en chef de la revue Histoire de l’art (Paris, 2005-2010), et Fellow junior au Wissenschaftskolleg de Berlin (Berlin, 1998-1999). Elle a publiée plusieurs travaux scientifiques.