Résumé
Réexaminant un dossier qu’il avait abordé en 1974 dans le livre sur l’aqueduc de Cherchell publié avec J.-L. Paillet, puis dans un article sur les Maison Nobles de Cherchell, Ph. Leveau, a été conduit à proposer en collaboration avec J.C. Golvin l’identification d’un bâtiment appartenant au complexe palatial construit par les rois maures.Dégagé probablement dans les années 1930 à l’intérieur de l’enceinte urbaine et en contrebas de sa porte sud, ce bâtiment paraît contemporain de la création de la ville nouvelle par Juba II.
Le réexamen du contexte archéologique et l’identification d’installations hydrauliques susceptibles d’avoir alimenté des jardins l’ont conduit à rechercher des parallèles dans l’Orient hellénistique.
La restitution architecturale qu’en a réalisée J.-C. Golvin conduit à y reconnaître un palais secondaire élevé par le couple royal Juba II et Cléopâtre Séléné au-dessus de la partie bâtie de la ville où se trouvait le palais principal.
Ce bâtiment offre un parallèle remarquable avec les palais contemporains du roi Hérode en Palestine. Cette identification confirme l’importance du projet urbanistique mis en oeuvre dans le royaume de Maurétanie restauré par Auguste au bénéfice du fils de Juba Ier et les relations qu’il entretient avec l’Égypte lagide. À ce titre, cet ensemble palatial constitue un jalon dans la diffusion vers l’occident de modèles architecturaux élaborés dans le monde hellénistique à une époque où aucun ensemble comparable n’existe encore à Rome.
Ce bâtiment n’est vraisemblablement pas à Caesarea le seul de ce type et son identification donne un sens nouveau à l’ampleur de l’enceinte urbaine.
Biographie
Philippe Leveau est professeur émérite d’Archéologie à l’Université de Provence et chercheur au Centre Camille Jullian UMR 6573. Agrégé d’Histoire (1963), il a débuté sa carrière universitaire en coopération à l’Université d’Alger comme assistant d’Histoire romaine entre 1966 et 1972. De 1972 à 1984, il a occupé les fonctions de maître Assistant à l’Université de Provence.En 1979, il a soutenu une thèse de doctorat d’État sur Caesarea de Maurétanie, une ville romaine d’Afrique et son territoire. En 1984, il a été élu professeur d’Antiquités nationales dans la même Université.
Admis à la retraite en 2002, il a poursuivi des recherches sur les différents sujets abordés au cours de sa carrière. Ceux-ci ont concerné principalement l’épigraphie et l’archéologie (prospections et fouilles) de l’Afrique romaine et la Gaule Narbonnaise.
Les thèmes abordés dans ses publications relèvent de l’archéologie rurale et urbaine et du rapport entre villes et campagnes. Il s’est plus particulièrement intéressé à la gestion des ressources hydrauliques et a dirigé des programmes pluridisciplinaires en collaboration avec des géomorphologues et des paléobotanistes sur l’occupation et la mise en valeur des milieux humides (marais, vallée et zones deltaïques).