Résumé
Les mots « lumière (Lux) » et « lumen » se retrouvent, respectivement, 2.720 fois et 1.560 fois, dans l’œuvre d’Augustin. Prenons d’abord, comme exemple, quelques-unes de ces occurrences dans son commentaire « ad litteram » de la Genèse, où, après avoir réfléchi sur la création de la lumière des astres, Augustin revient à Dieu, l’auteur et la source de toute lumière. Il reconnaît bien sûr, d’abord, dans ce texte, l’alternance du jour et de la nuit, et l’exprime dans une formulation qui, d’ailleurs, garde, aujourd’hui encore, toute sa pertinence: « Au moment où chez nous il fait nuit, la présence de la lumière éclaire d’autres parties du monde que parcourt le soleil avant de revenir du lieu où il se couche, au lieu où il se lève. Par conséquent il y a toujours, au cours de ces vingt quatre heures, en des points différents de ce parcours circulaire, un lieu où il fait jour et un lieu où il fait nuit ». (Genèse ad litt.I,21). Mais, très vite dans son commentaire littéral sur la Genèse comme dans ses autres œuvres, Augustin passe tout de suite de sa réflexion sur la création du soleil, de la lune et des étoiles, comme sources de la lumière physique, à sa méditation sur Dieu, source de toute lumière créée, et origine de toute illumination du cœur humain et de l’intelligence humaine.C’est le thème que la réflexion d’Augustin sur Dieu-Lumière aborde particulièrement dans ses homélies sur St Jean. Dieu étant la source de toute lumière, Augustin y recourt, aussi, souvent à l’expression « illumination », car ni les astres, ni les êtres humains, même s’ils sont saints ou apôtres, ne peuvent être «lumière » sauf à recevoir cette lumière de Celui qui éclaire tout homme venant en ce monde.
« Jean-Baptiste était une lumière, mais non pas la lumière véritable, puisqu’il était ténèbres avant d’être illuminé, et qu’il n’est devenu lumière que par son illumination » (H. sur l‘Ev. de Jean, II,6)
Mais Augustin ne recourt pas seulement au thème de la «lumière» au plan de la vie spirituelle et de la sanctification des cœurs. Dieu est non seulement celui qui illumine les cœurs humains pour qu’ils soient saints. Mais il est aussi celui qui éclaire les intelligences humaines pour leur permettre d’accéder au monde des « idées » et de connaître. Augustin propose là une théorie de la connaissance que la philosophie scolastique reprendra plus tard. Ainsi, dans les soliloques, Augustin écrit : «Dieu est à notre pensée ce que le soleil est à notre vue. Comme le soleil est source de la lumière, Dieu est source de la vérité » (sol. I,- et 12). Toute la réflexion d’Augustin sur la lumière est dans cette petite phrase.
Mais ce qui donne sa marque propre à la réflexion augustinienne sur ce thème, c’est le passage, sans césure, du plan de la lumière qui éclaire l’intelligence humaine en l’élevant au niveau des «idées» , c’est à dire au niveau divin, au plan de la lumière spirituelle qui éclaire l’âme du croyant dans sa quête de Dieu. La distinction thomiste entre l’illumination « naturelle » et l’illumination « surnaturelle » ne fait pas partie de la méditation d’Augustin.
On peut considérer la vérité comme une sorte de lumière possédée par chacun, et pourtant la même chez tous ceux qui perçoivent au même moment les mêmes immuables vérités…. «Il apparaît du même coup qu’en découvrant ainsi la transcendance de la vérité, c’est l’existence de Dieu que la pensée découvre puisque ce qu’elle aperçoit au dessus de l’homme c’est de l’éternel, de l’immuable, et du nécessaire, c’est-à-dire une réalité qui possède tous les attributs de Dieu lui-même. ».
Biographie
Il fait partie de la vingtaine de prêtres (dont le cardinal Duval) qui obtiennent la nationalité algérienne en 1965. Le 30 novembre 1972, à 43 ans, il est nommé par le pape Paul VI évêque d’Oran. Il reçoit la consécration épiscopale le 2 février 1973. Le 20 décembre 1980, il est nommé archevêque coadjuteur du cardinal Duval à Alger. En 1988, le cardinal Duval se retire et Henri Teissier devient archevêque d’Alger jusqu’en 2008.
Spécialiste de l’islam et pionnier du dialogue islamo-chrétien, il a étudié les lettres classiques à Rabat au Maroc, puis l’arabe aux Langues orientales à Paris et au Caire, a opté pour la nationalité algérienne. Il a consacré plusieurs ouvrages à la situation de l’Eglise en terre d’Islam.